À la Une: l’ENA, grande école qui forme les élites du pays, supprimée par Emmanuel Macron

Audio 05:12

Logo de l'Ecole nationale d'administation. © ENA

Par : Norbert Navarro

10 mn

Publicité

La presse est vent debout. L’École nationale d’administration sera remplacée par l’Institut du service public. Il faut dire, explique en Une Libération, que l’ENA était « devenue le symbole technocratique des élites coupées du réel » et qu’elle était « dans le viseur depuis la crise des gilets jaunes ». Et ce quotidien, à la Une duquel un Emmanuel Macron prestidigitateur, baguette de sorcier à la main, extrait un énarque de son chapeau comme un magicien le lapin de passe-passe, de dénoncer une « réforme de façade, cachée derrière un changement de nom ».

« Macron s’attaque à la fabrique des élites », rehausse le journal Les Échos, en mettant en garde contre « le populisme soft ». Question par ce journal économique posée : « Imagine-t-on la suppression de l'école Polytechnique ou de l'Université d'Oxford parce qu'elles ont des défauts ? ».

Le Figaro n’écrit pas autre chose en remarquant que « l’ENA, certes, a bien des défauts - pensée univoque, primat de la mécanique intellectuelle sur la force du caractère -, mais effacer ces trois lettres pour les remplacer par ISP (Institut du service public) n’abolira en rien la dérive bureaucratique ».

La suppression de l’ENA est une histoire qui ne date pas d’hier en France

C’est ce que souligne Le Parisien. « Emmanuel Macron s’est attaqué à un vieux serpent de mer» : « supprimer l’ENA » », formule ce journal, dans lequel l’ancien ministre - et énarque - Jean-François Copé accuse Emmanuel Macron d’être entré «dans une course mortifère, suicidaire pour essayer en permanence de complaire aux exigences des populistes (…) Emmanuel Macron pense que c’est comme ça qu’il va gagner des voix, moi je pense que c’est comme ça qu’il va en perdre », dit encore au Parisien le maire (LR) de Meaux, centre-est de la France, en rappelant « qu’un des tout premiers pourfendeurs de l’ENA, c’était Jean-Marie Le Pen ».

« Supprimer l’ENA, une idée d’énarque », moque L’Opinion, en se demandant «si cela changera quoi que ce soit au mal français» et s’il va falloir «attendre dix, vingt ans pour que les premiers post-énarques, sortis de cette nouvelle Non-ENA, mettent enfin en pratique tout ce qu’ils auraient appris de différent d’avant ».

« Sofagate »

Dans la presse également, le « sofagate », ou cet affront protocolaire ressenti il y a trois jours à Ankara, capitale de la Turquie, par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, au vu de la disposition des fauteuils lors d’une réception officielle. 

Elle enfle, elle enfle, la polémique du « sofagate ». En cause, donc, la place octroyée sur un simple de divan en retrait par le protocole turc à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors d'une réunion des présidents des institutions de l'UE avec le président turc Erdogan et celui du Conseil européen Charles Michel. Hier soir, le chef du gouvernement italien Mario Draghi a même traité Erdogan de « dictateur » et s'est dit « très navré par l'humiliation que la présidente de la Commission a dû subir ».

« Deux fauteuils pour trois », formule Le Figaro, en évoquant un « affront », dont « l’intérêt » est d’autant plus « grand » que, croit bon de préciser Le Figaro, Ursula Van der Leyen « est une femme – la première à présider la Commission – et que l’affaire s’est déroulée en Turquie, un pays qui s’est retiré, en mars, de la Convention d’Istanbul sur les violences faites aux femmes ». 

« Rafale papers »

Mediapartaccuse le Parquet national financier, d’avoir « enterré » une « affaire d’État ». Documents à l’appui, ce journal en ligne accuse en effet le PNF, le Parquet national financier ainsi que l'Agence française anticorruption d'avoir « enterré » des soupçons de corruption portant sur la vente d'avions de combat français Rafale il y a cinq ans à l'Inde.

Le site d'informations affirme qu’en juin 2019, l'ex-cheffe du PNF, Eliane Houlette, a refusé d'enquêter sur cette vente, contre l'avis de son adjoint d'alors, qu'elle avait chargé d'analyser un signalement de l'ONG Sherpa, qui dénonçait un an plus tôt des soupçons de corruption et de favoritisme.

Entre autres informations, Mediapart assure que l'Agence française anticorruption n'a pas signalé à la justice avoir « découvert » que juste après la signature du contrat des Rafale, l'avionneur Dassault a accepté de payer 1 million d'euros à un intermédiaire indien du nom de Sushen Gupta, qui aurait aidé ce groupe français d’armement à conclure la vente en « se procurant des documents confidentiels du ministère de la Défense indien » sur la proposition d'un concurrent, permettant ainsi à Dassault de «revoir son offre à la baisse et décrocher in fine le contrat ».

Pas plus le PNF que l'avocat d’Eliane Houlette, et celui de son ex-adjoint n'ont souhaité commenter les informations de Mediapart, et l'Agence française anticorruption pas davantage.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Je m'abonne

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

google-play-badge_FR

  • Revue de presse
  • Politique française
  • Union européenne
  • Turquie
  • Inde

Sur le même sujet

L'ENA, école des élites françaises, remplacée par un nouvel institut

Entretien

Les «Rafale Papers», enquête explosive de Mediapart