Procès du 13-Novembre: les parties civiles commencent leur plaidoirie collective

Le procès des attentats du 13 novembre 2015 s'est ouvert le 8 septembre 2021 à Paris. © AFP/Thomas Coëx

Texte par : RFI Suivre

2 mn

Place au verbe au procès des attentats du 13 novembre 2015 avec le début des plaidoiries. Les avocats de parties civiles qui ouvrent le bal comme le veut la procédure ont choisi pour la plupart de plaider de manière coordonnée et pas seulement pour leurs clients. Compte rendu d’audience.

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« Ils ne défendaient aucune cause, ils n’avaient pas d’ennemis, ils ont été frappés et nous avons tous vacillé. On ne choisit pas ses ennemis, ce sont eux qui nous choisissent », commence Me Sylvie Topaloff. « L’Occident a beaucoup de choses à se reprocher, sa cupidité, ses inégalités… », poursuit l’avocate. « Autant de choses qui peuvent être critiquées. Mais ce que nous reprochent les jihadistes, ce ne sont pas nos vices, mais nos vertus. »

Me Jean Reinhart lui compose sur le mal et le malheur, rapporte notre envoyé spécial au Palais de justice de Paris, Nathanaël Vittrant. « Au chiffre officiel des victimes, dorénavant de 132, s’ajoutent les pères, les mères morts de chagrin. C’est l’effet Tchernobyl. On ne s’approche pas innocemment du gouffre ardent du mal. »  

Me Catherine Szwarc revient sur le sentiment de culpabilité souvent exprimé par les rescapés à la barre : d’avoir survécu, dû piétiner des corps pour sortir ou laisser un proche derrière eux. « Est-ce que du côté des accusés on a entendu, à un seul instant, ‘’je me sens coupable, j’ai du sang sur les mains’’ ? On ne l’a pas entendu. »

Me Monod s’adresse à Farid Kharkhach accusé d’avoir fourni des faux papiers à la cellule terroriste. Lui est persuadé qu’il a fermé les yeux sur la radicalisation de ses clients par cupidité. « Qui soupe avec le diable doit avoir une longue cuillère. Le problème de monsieur Kharkhach c’est qu’il a dîné avec le diable, mais qu’il avait le nez dans l’assiette. » Dans le box, Farid Kharkhach s’agite.  

Plaidoiries jusqu'au 7 juin

Ces plaidoiries, prévues jusqu'au 7 juin, débutent avec cinq jours d'une « inédite » plaidoirie collective organisée par thèmes, comme l'explique l'avocate Frédérique Giffard dans un propos introductif.

« Comment, en quelques minutes, vous dire l'infinie diversité des victimes et le lien qui les rassemble ? C'est infaisable », dit-elle à la cour. « Ça fait six ans qu'on compose pour que nos clients ne soient pas doublement éprouvés : d'abord parce qu'ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment », et pour ne pas souffrir « d'avoir été trop nombreux pour pouvoir être chacun une victime à part entière ».

Alors, pour porter toutes leurs paroles sans faire « masse », pour ne pas « créer d'inégalité des armes » avec les 14 accusés présents devant la cour et « respecter les droits de la défense », une centaine d'avocats représentant deux tiers des près de 2 400 parties civiles ont accepté de « coordonner » leurs propos.

Ils plaideront pour la « communauté » des victimes plutôt que pour leurs clients respectifs, une vingtaine de minutes chacun. Chaque jour, avant les plaidoiries, des avocats diront un mot d'hommage pour des victimes décédées.

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