• Adopté en novembre dernier, le Pacte parisien de la proximité donne plus de marges de manœuvre aux maires d’arrondissement, notamment sur le volet propreté.
  • Selon la mairie de Paris, cette réforme doit permettre aux maires « d’agir avec plus d’efficacité, grâce à leur connaissance des territoires, et de prioriser les interventions ».
  • En revanche, pour Geoffroy Boulard, maire LR du 17e arrondissement, « le big-bang de la territorialisation n’a pas eu lieu, c’est un écran de fumée ».

C’était à la fois une promesse de campagne et, aussi un peu, une réponse au mouvement #SaccageParis. Le Pacte parisien de la proximité adopté en Conseil de Paris le 17 novembre dernier répondait ainsi à la volonté d’un « big bang » territorial de la maire de Paris. En clair, laisser davantage de marges de manœuvre aux maires d’arrondissement sur les plans de la propreté, qui nous intéresse ici, mais aussi de la sécurité, de l’animation de la vie locale, etc. Le but, dans le cas de la propreté, est de permettre aux maires « d’agir avec plus d’efficacité, grâce à leur connaissance des territoires, et de prioriser les interventions en fonction des quartiers qui en ont le plus besoin », selon le communiqué de la municipalité.

Concrètement, les maires disposent de « feuilles de routes territoriales qui leur permettent de piloter les moyens humains, matériels et financiers », explique la mairie de Paris. Ils peuvent aussi demander des opérations « territorialisées » de nettoiement. « Ces opérations permettent ainsi de cumuler sur une ou deux journées le nettoiement des tags, de l’affichage sauvage, et des autres souillures au sol dans une même rue ou un même quartier », précise la municipalité. Cette dernière cite l’exemple concret des poubelles : « Trois types de poubelles continueront d’être déployées dans tout Paris. Mais chaque maire peut décider où il souhaite les installer et quel type de poubelles il souhaite privilégier. » Enfin, ajoute la mairie de Paris, « une enveloppe budgétaire supplémentaire de 12 millions d’euros a été créée au budget 2022 pour permettre aux maires d’arrondissements de commander des prestations de propreté et d’entretien. »

Pour Geoffroy Boulard, maire LR du 17e arrondissement et très à cheval sur la propreté, cela ne va pas assez loin. Dans le magazine du 17e de janvier-février, il s’est fendu d’un édito intitulé « Propreté à Paris : la réforme fantôme », précédant un article à charge. « Le big-bang de la territorialisation n’a pas eu lieu, c’est un écran de fumée, nous explique le maire du nord-ouest parisien. Les maires d’arrondissements sont censés piloter l’action propreté, mais tout est à la main de l’Hôtel de ville. »

L’unicité du service public

Plutôt que de simplement signaler aux services de la ville les endroits à nettoyer, Geoffroy Boulard réclame, au nom d’une meilleure efficacité, la mainmise sur le budget propreté de son territoire et sur le management des agents. « On pourrait prendre exemple sur la caisse des écoles en charge de la restauration scolaire, qui sont gérées par les mairies d’arrondissement. Pourquoi ne pas faire la même chose avec la propreté ? » Parce que « la Ville de Paris demeure garante de l’égal accès au service public, de l’égalité de traitement entre les habitantes et habitants », affirme la dernière ligne du communiqué. Pour expliciter, la mairie redoute qu’en confiant la responsabilité entière des services propreté aux arrondissements, il y ait des différences fortes niveau saleté entre les arrondissements. Par ailleurs, « il est inenvisageable qu’il y ait des conditions de recrutement et de travail différentes selon les arrondissements », précise la mairie de Paris. Et accessoirement, ça permet aussi de ne pas trop donner de pouvoir aux maires, surtout s’ils sont de l’opposition. « L’idée n’est pas d’attaquer l’unicité de la capitale », se défend Geoffroy Boulard.

La réforme se retrouve donc tiraillée entre la volonté d’une meilleure efficacité et le refus de perdre le contrôle sur la propreté, ce qui aboutit à un système un peu bancal. Ce ne serait pas la première fois, mais Olivier Hoch, secrétaire général de l’Unsa Paris, redoute que les agents en paient les pots cassés. « Les agents vont se retrouver coincés entre les demandes des maires et l’autorité hiérarchique de leur direction dépendant de la mairie centrale », estime le syndicaliste qui rappelle que l’Unsa, avec d’autres syndicats a voté contre le Pacte de proximité en comité technique. « Nous ne sommes pas opposés à la territorialisation, mais il y a un hiatus entre le fait de dire que les maires d’arrondissement seront pilotes et l’organisation du travail qui reste très centralisée », ajoute-t-il avant de mettre en garde : « On doit conserver cette unité de service public. » La mairie de Paris balaie ces craintes et assure que « la réforme va permettre à la Ville de simplifier les choses en remettant les décisions au bon endroit ».

Mais aux yeux des Parisiens, la réforme peine pour le moment à se traduire. « Ça ne s’est pas franchement amélioré et la propreté à Paris est toujours médiocre, juge Florence, 51 ans, croisée place des Ternes (17e arrondissement). J’ai même l’impression que ça se dégrade au fil des années, mais peut-être qu’avec l’âge on devient plus exigeant. » Juché sur son scooter près du marché Secrétan (19e arrondissement), Philippe, 47 ans, estime que les résultats de la réforme ne sont pas « flagrants ». « Ça dépend des endroits, dans le 7e où je travaille, c’est nickel, mais dans les arrondissements du Nord, on sent que c’est moins nettoyé. » Revenant tout juste de Martinique, il assure que l’île antillaise est bien plus propre que Paris, « pas un mégot ne traîne par terre ». Non loin, un trio de collégiens assure également que « ça ne s’est pas amélioré ». Enfin, Florent 44 ans, à Vélib et qui sort tout juste d’une grosse embrouille avec un utilitaire près de Stalingrad, ne constate pas non plus les effets immédiats du Pacte de la proximité. Il appelle surtout à « rénover les infrastructures pour que les habitants soient davantage enclins à maintenir la ville propre ».

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