• Délaissée il y a deux décennies, la Krutenau est devenue l’un des quartiers les plus cotés de Strasbourg.
  • Les tarifs de l’immobilier y ont bondi ces dernières années, avec une hausse de 16 % l’an dernier, d’après les notaires du Bas-Rhin.
  • Pourquoi une telle hausse ? Nous avons posé la question aux agents immobiliers et habitants.

Des petites rues typiques, des bars, restaurants et commerces, le tout à proximité du centre-ville. A Strasbourg, difficile de ne pas connaître le quartier de la Krutenau. Seule la rivière Ill le sépare de la célèbre cathédrale et le lieu est connu pour sa qualité de vie. Son « esprit village » où tout est accessible au cœur de la métropole.

« C’est juste beau, pratique et hyper agréable », résume Carole de Fraipont, qui y réside et déambule « depuis une vingtaine d’années ». Toujours avec le même plaisir. « Peut-être que je suis une contemplative mais architecturalement, le charme opère toujours. Et les illuminations sur les quais, l’hiver, c’est magnifique… »

Tous ces atouts, liés à une rénovation urbaine active, ne sont pas passés inaperçus. La « Krut' » est actuellement en pleine gentrification. Les tarifs de l’immobilier le confirment. De juin 2020 à juin 2021, d’après la chambre des notaires du Bas-Rhin, le prix de vente médian des appartements a augmenté de… 16 % ! C’est davantage que tout autre quartier de la capitale alsacienne, même la fameuse Petite France (+10,1 %).

« Les appartements se sont parfois arrachés »

Pourquoi une telle hausse ? « Ça fait des années que ça monte », tempère d’entrée un agent immobilier en résumant la tendance par « la loi de l’offre et de la demande ». A savoir que les biens sont rares dans le coin, surtout les 5 pièces, et leur recherche toujours plus forte. D’autant plus depuis la sortie du premier confinement, à en croire une de ses consœurs.

« Avec la crise et par incertitude de demain, beaucoup de gens se sont dit qu’ils allaient rapatrier leurs billes dans la pierre, soit un placement sûr de tout temps », explique Aline Huguet, de chez Bartholdi-Orpi. « Vu qu’il y a beaucoup d’argent en Alsace, les appartements se sont parfois arrachés. J’ai même des clients qui ont acheté sans voir. »

Tout cela a automatiquement conduit à une flambée des prix. Aujourd’hui, un trois-pièces dans un état correct ne se négocie « pas en dessous de 300.000 euros », d’après les professionnels du secteur. Les notaires estiment à 4.490 euros le tarif médian du mètre carré, ce qui veut tout et rien dire. « Pour un studio, ça peut monter à 7.000 euros mais c’est un cas particulier », estime Florian Peraldi.

« A l’époque, c’était mal famé »

Le directeur général de la foncière Pauli & Peraldi a nettement vu évoluer le quartier depuis ses premiers achats d’immeubles il y a une vingtaine d’années. « Je me souviens qu’à l’époque, c’était mal famé. C’était un coupe-gorge ! Il y avait aussi une gare routière, c’était bruyant. Maintenant, c’est devenu bobo chic », explique-t-il en exagérant un peu. « Aujourd’hui, un couple d’ouvriers ne peut plus y acheter, je pense même qu’avoir 3.000 euros de revenus à deux n’est pas suffisant. »

Jusqu’où ces tarifs peuvent-ils grimper ? Pas beaucoup plus haut, à en croire les agents immobiliers et les notaires. Ces derniers estiment que « le durcissement des conditions de prêt » pourrait faire ralentir le marché un peu partout. « Je ne suis pas madame Irma mais il va y avoir un effet de cisaillement entre les salaires et les prix de l’immobilier. A un moment, les gens ne pourront plus aller plus haut », conclut Florian Peraldi.

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