La police de Brooklyn Center, à Minneapolis, a tué le juge Afro-Américain Daunte Wright, le 11 avril 2021. — Police

Appels au calme, couvre-feu, soldats de la Garde nationale : les autorités américaines ont renforcé la sécurité à Minneapolis pour empêcher la ville de s’embraser après la mort d’un jeune Afro-Américain abattu par la police en plein procès de Derek Chauvin, jugé pour le meurtre de George Floyd. La police a diffusé, lundi, des images de l’intervention (attention, elles sont choquantes). Et plaide pour une « décharge accidentelle », avec une policière qui aurait confondu son arme de poing avec son Taser.

Que s’est-il passé ?

Daunte Wright, 20 ans, a été tué dimanche « par accident » alors qu’il circulait en voiture à Brooklyn Center, dans la banlieue de Minneapolis, a déclaré le chef de la police locale Tim Gannon lors d’une conférence de presse. Lors d’un banal contrôle de police, lié à des plaques d’immatriculation invalides, les policiers se rendent compte que le jeune homme fait l’objet d’un mandat d’arrêt. Alors qu’ils sont en train de lui passer les menottes, Daunte Wright, debout devant la porte conducteur, tente subitement de réinstaller au volant pour s’enfuir.

Deux agents luttent avec lui une dizaine de secondes. « Je vais te Taser », avertit d’abord la policière, mais qui sort son pistolet dans la foulée. « Je vais te Taser », répète-t-elle, avant de crier « Taser, Taser, Taser ! » pour annoncer une décharge. Mais elle fait en fait feu une fois avec son arme puis crie aussitôt : « Oh shit, I shot him » («Oh merde, je viens de lui tirer dessus »).

Tout va très vite, en quelques secondes. Mais en théorie, les policiers doivent porter leur arme du côté de leur main dominante, et leur Taser de l’autre. Sans compter qu’il y a des différences flagrantes : un Taser est jaune fluo et pèse quatre fois moins qu’un Glock chargé (250 grammes contre près d’un kilo)

Minneapolis sous tension

« Les manifestations pacifiques sont compréhensibles » après la mort « tragique » de Daunte Wright, a commenté le président démocrate Joe Biden, en se disant conscient de « la colère, la douleur, la souffrance qui existent chez les personnes noires ». Mais « il n’y a absolument aucune justification » aux violences, a-t-il ajouté en appelant la population de cette grande ville du nord des Etats-Unis à rester calme.

Les maires des villes jumelles de Minneapolis et Saint-Paul ont déclaré l’état d’urgence et décrété un couvre-feu à partir de 19 heures pour empêcher tout débordement, après une nuit de manifestations émaillées de pillages et échauffourées.

Le procès de Derek Chauvin continue

Ce drame a ravivé la colère à Minneapolis, qui avait connu plusieurs nuits d’émeutes après la mort de George Floyd, le 25 mai, sous le genou du policier blanc Derek Chauvin. Dans ce climat tendu, l’avocat de Derek Chauvin a demandé lundi matin au juge Peter Cahill de placer immédiatement les jurés à l’écart pour empêcher qu’ils ne subissent des pressions.

« Je comprends qu’il y ait des troubles civils » mais « je ne crois pas que cela soit un motif d’inquiétude supplémentaire », a répondu le magistrat. Un cardiologue a certifié que George Floyd n’était pas mort d’une overdose ou d’une crise cardiaque, et le frère de la victime, Philonise Floyd, a livré un témoignage ému. Le reste de la semaine devrait être réservé aux témoins de la défense, avec les plaidoiries finales lundi prochain et des délibérations attendues dans la foulée.

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