Quand les sportifs subissent le racisme sur les réseaux sociaux

L'attaquant gabonais Denis Bouanga a ouvert le score pour Saint-Etienne lors du match de Ligue 1 à Rennes, le 14 février 2021. LOIC VENANCE AFP

Texte par : Farid Achache Suivre

5 mn

Chaque jour, des milliards de contenus sont postés et partagés sur les réseaux sociaux. Certaines publications sont à caractère raciste et les sportifs professionnels ne sont pas épargnés.

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Le racisme dans le sport n'est pas un phénomène nouveau. Mais l’arrivée en masse des réseaux sociaux l’a accentué. Lassé par la haine et le harcèlement en ligne, l’ancien champion du monde 1998, Thierry Henry, vient de fermer carrément tous ses comptes.

L’ancien joueur d’Arsenal a indiqué à ses 2,3 millions d’abonnés sur Twitter qu’il ne reprendra pas de compte tant que les géants du numérique « ne réglementeront pas leurs plateformes avec la même vigueur et la même férocité qu’ils le font actuellement quand les utilisateurs enfreignent les droits d’auteur ». Thierry Henry a appelé à une prise de conscience : « Il est bien trop facile de créer un compte, de l’utiliser pour harceler et intimider sans aucune conséquence tout en restant anonyme. »

Les joueurs de football professionnels d'Angleterre souvent visés

« On ne me fera jamais croire que les réseaux sont hors-sol. Tout ce qui est publié en France doit répondre aux lois de la République », avait déclaré le Premier ministre Édouard Philippe en 2019. L’ancien chef du gouvernement voulait faire évoluer la loi française pour notamment autoriser les enquêtes sous pseudonyme ou encore accélérer la suppression des comptes incriminés.

Jeudi 8 avril, en Angleterre, Swansea, club de D2 de football, à la suite de commentaires racistes reçus par le défenseur Ben Cabango, le milieu offensif Yan Dhanda et l’attaquant Jamal Lowe, avait décidé une période de boycott d’une semaine des réseaux sociaux. « Tous les joueurs de l’équipe première, du secteur pro du centre de formation (U23 et U18), l’équipe féminine […], les principaux membres du staff et les comptes officiels du club (sur Facebook, Twitter, Instagram, LinkedIn, Snapchat, Youtube et TikTok) ne publieront plus rien pour une période de sept jours​ », indiquait le club dans un communiqué.

En avril 2019, pour protester contre les insultes racistes à répétition dans le milieu, le syndicat des joueurs de football professionnels d'Angleterre et du Pays de Galles avait déjà appelé les footballeurs à faire la grève des réseaux sociaux avec une opération appelée #Enough (#Assez), qui devait durer 24 heures.  

De l’autre côté de la manche, sur les réseaux sociaux, des vedettes comme Ashley Young, Mohamed Salah, Danny Welbeck, Raheem Sterling, Michy Batshuayi, Pierre-Emerick Aubameyang ou encore Moussa Sissoko ont souvent été victimes d'insultes racistes. 

L'international gabonais Denis Bouanga réclame une « sanction exemplaire »

En France, l'attaquant international gabonais de Saint-Étienne (Ligue 1) Denis Bouanga a dénoncé dimanche 11 avril une « vidéo nauséabonde » à caractère raciste l'ayant visé et réclamé une « sanction exemplaire » à l'encontre de leurs auteurs, membres d'un groupe de supporteurs des Verts. 

La vidéo en question a été produite par des membres du collectif Magic Fans, groupe d'ultras stéphanois qui a condamné « fermement » l'initiative d'un « groupuscule de personnes n'ayant ni les valeurs ni la mentalité de notre groupe ». Dans un communiqué, le collectif a également condamné « des propos irrespectueux, blessants et xénophobes ».

« Nous sommes noirs, nous sommes blancs, nous sommes jaunes, ensemble nous sommes l’ASSE. » Avec cette banderole, accrochée lors de la réception de Bordeaux dimanche 11 avril, les Magic Fans ont tenu à se désolidariser de certains des leurs. Mais les attaques racistes sur les réseaux sociaux ne visent pas uniquement les footballeurs.

« Retourne dans ton pays sale maghrébin »

Le 7 avril dernier, l'Union cycliste internationale (UCI) a apporté son soutien au coureur cycliste français Nacer Bouhanni, qui avait annoncé être harcelé d'insultes racistes sur les réseaux sociaux. L'UCI a condamné « très fermement les attaques à caractère raciste » subies par l'ex-champion de France, suite à son déclassement pour sprint dangereux en mars lors de l’épreuve sur route Cholet-Pays de la Loire. « Ça fait déjà huit jours que je reçois des centaines de messages, ça tourne au harcèlement », déclarait Bouhanni, qui avait fait savoir son intention de porter plainte. « Je ne suis quand même pas le seul à voir ce qui se passe sur les réseaux sociaux. Pourquoi personne ne fait rien quand ce genre de personnes immondes m'envoient en permanence des "cochon" ou des "terroriste", "retourne dans ton pays sale maghrébin" ? », s'était interrogé Nacer Bouhanni.

Mais les procédures judiciaires prennent du temps même s’il y a de plus en plus de condamnations en matière de cyber-racisme. Si les géants des réseaux sociaux voient aussi leurs responsabilités engagées, les auteurs de contenu, qui incitent à la haine raciale, doivent savoir que désormais ils risquent gros. En France, l’observatoire de la haine en ligne mis en place par le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) en 2020 a débuté sa mission en étudiant les discours haineux sur internet, afin de lutter contre la « cyberhaine ».

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