Dans l'émission d'Europe 1 "Historiquement vôtre", Stéphane Bern se penche sur les racines d'une expression du quotidien. Mercredi, il s'intéresse aux origines d'être "dans le coaltar", une expression qui désigne cet état de fatigue intense et de flou cotonneux que l'on peut ressentir après une trop longue sieste.

Stéphane Bern propose chaque jour, dans Historiquement vôtre avec Matthieu Noël, de partir à la découverte de ces expressions que l'on utilise au quotidien sans forcément connaître leur origine. Mercredi, l'animateur nous explique les racines de l'expression "être dans le coaltar", un état qui n'est pas des plus agréables.

Au lendemain d'une soirée particulièrement arrosée, ou simplement au sortir d'une sieste qui a duré trop longtemps, on se réveille parfois dans un état de fatigue désagréable et une impression peu vaseuse. Autrement dit, on est "dans le coaltar". Une expression qui nous vient directement de la langue anglaise.

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En anglais, "coal" est le charbon et "tar" le goudron. Le "coaltar" est donc un goudron dérivé de houille. Inutile de préciser que si vous êtes plongé dans le coaltar, ce liquide visqueux, vous avez bien du mal à vous mouvoir. Et si vous êtes un ouvrier de la fin du 19e siècle qui manipule ce produit dans un endroit mal ventilé, vous êtes rapidement hagard, à cause des émanations toxiques.

"Être dans le goudron de houille"

L'expression vient donc de là : on a respiré ce goudron, on est hébété. Aujourd’hui, cette formule désigne plutôt un état dans lequel on se met sans l'aide du goudron. On peut ainsi "être dans le coaltar", voire plus directement "avoir la tête dans le coaltar". Pour ceux qui chassent à tout prix les anglicismes, vous pouvez dire en bon français "être dans le goudron de houille". Mais pas sûr qu’on vous comprenne.

Étonnamment, les Anglais ne sont pas "dans le coaltar", mais "out to lunch", soit parti déjeuner. En Argentine, on dit "estar en las nubes", comprenez "être dans les nuages". Ce qui n'a donc pas le sens du français "avoir la tête dans les nuages". En Espagne, on trouve le plus prosaïque "estar pachucho", soit "être patraque". Si vous êtes dans le coaltar d’avoir trop bu, n’oubliez pas ce joli mot de l’écrivaine québécoise Michèle Mailhot : "Certaines soifs sont préférables à toutes les ivresses."