Dans un restaurant à Marseille — Daniel Cole/AP/SIPA

  • Un collectif né après la garde à vue d’un restaurateur, pour ouverture illégale, veut lancer une expérimentation avec le soutien des collectivités et de l’IHU. de Didier Raoult
  • Ils espèrent convaincre la préfecture pour avoir l’autorisation de rouvrir, avec un protocole strict en cours de rédaction, une quinzaine d’établissements.
  • L’objectif est de disposer de données scientifiques fiables sur l’existence de cluster dans les restaurants.

Après le projet d’un concert test au Dôme, Marseille voit éclore une nouvelle initiative pour démontrer scientifiquement l’existence – ou pas – de cluster. Elle concerne cette fois les restaurants et a été lancée par le « collectif de l’Avenir », du nom d’un bar de la rue d’Endoume dont le patron a récemment été interpellé à la suite d’une réouverture sauvage. « Mon confrère Me Pierre Bruno, pénaliste, a fait lever la garde à vue », raconte ensuite Me Fabien Dupielet, qui a participé au tour de table organisé après cela avec une trentaine de restaurateurs marseillais et le Pr Eric Chabrière, proche collaborateur de Didier Raoult à l’IHU Méditerranée Infection.

L’idée est d’obtenir de la préfecture l’autorisation d’ouvrir 15 restaurants et de voir si, avec l’application d’un protocole sanitaire strict en cours de rédaction, ils sont des lieux de contamination. Les services de l’IHU mais aussi le bataillon de Marins-Pompiers de Marseille, pour les prélèvements de surface, feraient partie de l’expérimentation dans l’esprit du collectif.

« A chaque fois, on nous ressort une étude faite aux Etats-Unis au printemps dernier dans un fast-food, alors qu’il n’y avait ni les gestes barrières ni la distanciation physique, dénonce Me Fabien Dupielet. Il faut que la science revienne dans le jeu. Si cette expérimentation montre, comme nous le pensons, qu’un restaurant où on respecte de strictes consignes n’est pas un cluster, on peut trouver une porte de sortie à la fois pour les restaurateurs et pour le gouvernement. »

Les politiques s’en mêlent

Comme souvent à Marseille avec le coronavirus, la politique s’est vite emparée du sujet. Martine Vassal, la présidente LR du département, a apporté publiquement son soutien à cette démarche « porteuse d’espoir pour tous les restaurateurs qui sont en souffrance aujourd’hui, et au-delà pour tous les commerces frappés par les effets de la crise sanitaire ». Lundi soir, au conseil municipal, le maire socialiste Benoît Payan a été interpellé par l’opposition sur « cette initiative lancée par Martine Vassal ».

« Ma tendance naturelle, c’est d’imaginer qu’on ne se transmet pas plus le virus en terrasse que dans le métro le matin », a-t-il lancé, non sans avoir dénoncé au préalable un parfum de récupération politique. « Il faut d’abord regarder quel type de protocole et si tout le monde suit (l’Etat, l’ARS, les restaurateurs, N.D.L.R.), il est bien évident qu’on fera les tests. » De fait, seule la marie peut décider de mobiliser le bataillon des marins-pompiers sur cette action. Et de conclure : « Je serais heureux si on prouvait, de Marseille, que les terrasses ne sont pas plus dangereuses par rapport au Covid. »

« Les gens mangent sur des trottoirs, des bancs »

Restaurateur et président de l’Umih (Union des Métiers de l’Industrie de l’Hôtellerie) des Bouches-du-Rhône, Bernard Marty ne partage guère cet enthousiasme. Pour le moment. « Je suis dans l’attente d’explications, réagit-il. Si c’est pour faire un protocole encore plus drastique que l’actuel, je ne suis pas certain, il faut penser à l’après ». Son combat à lui, et les 1.200 adhérents de l’Umih 13, c’est d’abord la réouverture au moins des terrasses, pas forcément dans un premier temps des salles de restaurant.

« Quand je vois là que les gens mangent sur des trottoirs, des bancs, sans aucune distanciation ni nettoyage des surfaces », souffle Bernard Marty. Là-dessus, c’est toujours une fin de non-recevoir des autorités. « On l’a dit au préfet, mais toutes les questions que l’on pose restent sans réponse. » Donnera-t-il plus d’écho à cette initiative lancée par le collectif de l’Avenir ? Sollicitées par nos soins, la préfecture et l’ARS n’avaient pas répondu à l’heure où nous écrivons ces lignes.

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