Reportage

Après le passage du cyclone Belal, La Réunion s'emploie à revenir à la vie normale

Le cyclone Belal passé, l'alerte rouge mise en place dimanche 14 janvier à La Réunion, a été levée ce mardi en milieu de journée. Le dernier bilan humain est de trois morts. L’île est maintenant en phase de sauvegarde, pour permettre une évaluation des nombreux dégâts ainsi qu’un retour au mieux à la vie normale.

Au lendemain du passage du cyclone, certaines zones restent encore inondées comme ici à l'Étang de Saint-Paul, une zone particulièrement à risque. © Lena Thebaud / RFI

Par : Lena Thébaud Suivre

Publicité

Lire la suite

De notre correspondante à La Réunion,  

Des arbres couchés, voire carrément déracinés, des lignes électriques arrachées et des glissements de terrain... Voilà les scènes de désolation qu'ont pu découvrir ce mardi les Réunionnais après la levée de l'alerte rouge qui les avait obligés à rester cloîtrés chez eux. Alors, sans perdre de temps, tous ont commencé à nettoyer les traces du cyclone Belal. Sur les hauteurs de Saint-Denis, le domicile de Françoise a été frappé par des rafales atteignant les 180 km/h qui ont causé des infiltrations d'eau et quelques dégâts. « Heureusement, le cyclone a changé de trajectoire, sinon nous aurions eu encore plus de dégâts », se rassure la retraitée. 

Dans la commune de la Possession, dans le nord de l’île, de nombreuses coupures d’électricité ont été signalées, « ainsi que des éboulements de terrain parfois impressionnants », rapporte Didier Fontaine, directeur de cabinet du maire. Le cirque de Mafate, très prisé par les randonneurs, et lui aussi victime d’une coupure d’eau. Pour Didier Fontaine, le cyclone Belal a causé beaucoup plus de dégâts que la saison cyclonique de 2023. Certains habitants ont également fait face à des cas d’inondations. C’est le cas de James, qui vit près de l’Étang Saint-Paul, une zone particulièrement à risque. Depuis ce matin, il nettoie son jardin qui a été entièrement inondé « avec plus de quinze centimètres d’eau ». « Mais heureusement, rien n’est entré dans la maison », précise-t-il.

Des routes dans un état catastrophique

Le passage de l’alerte violette à l’alerte rouge lundi avait permis de vérifier l’état des routes et de lancer les opérations permettant leur sécurisation. Sur une petite route départementale dans l’ouest de l’île, Gilbert travaille pour le service des transports de la commune de Saint-Paul. Hissé sur sa tractopelle, il dégage les routes de cette commune depuis 7h ce matin. À l'entendre, certaines sont dans un état catastrophique. « Chaque cyclone est différent, celui-ci était un peu similaire au cyclone Firinga de 1989. À un moment, il y avait du soleil, puis tout d’un coup le cyclone est arrivé. » Cela fait 28 ans que ce Réunionnais travaille pour la commune et dégage les axes routiers après le passage d’un cyclone. Pour lui, « celui-ci n’était pas le plus impressionnant ».

Depuis quelques heures, l'alerte rouge a été levée sur l'ensemble de l'île qui passe en phase de sauvegarde. C'est maintenant l'heure du premier bilan des dégâts après le passage du cyclone #belal à #LaReunion pic.twitter.com/tT5rdnrAli

— Lena Thébaud (@LenaThebaud) January 16, 2024

Les centres d’hébergement mis en place en prévention du passage du cyclone, où seulement 600 personnes ont trouvé refuge, sont désormais presque tous déserts. Au total, trois corps de sans domicile fixe ont été retrouvés sur l'île après le passage dévastateur du cyclone, a annoncé ce mardi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Désormais, Belal « ne constitue plus une menace pour La Réunion », a assuré Céline Jauffret, directrice de Météo France Réunion, lors d'une conférence de presse commune avec le préfet de l’île, Jérôme Filippini. « Des rafales encore sensibles de 70 à 80 km/h peuvent être constatées dans les hauteurs de l’île, mais les conditions météorologiques vont continuer de s'améliorer dans les prochains jours », a précisé Céline Jauffret.   

Le préfet a tout de même appelé les Réunionnais – qui sont plus de 873 000 à vivre sur l’île – à rester prudents, notamment sur les routes. Il a également dressé un premier bilan du passage du cyclone Belal. Environ 42% de la population n’a toujours pas d’accès à internet, un tiers des foyers ont connu des coupures d’électricité et 17% des Réunionnais ont un accès compliqué, voire impossible à l’eau potable. Pour le moment, les routes forestières et les sentiers de randonnées restent fermés.  

Cette levée de l’alerte rouge doit aussi permettre une reprise progressive de l’activité économique et sociale sur l’île, mais le préfet rappelle aux entreprises que le télétravail doit être privilégié quand cela est possible afin de limiter les déplacements sur les routes pour les jours à venir. L’autre objectif pour l’île est de permettre un retour des élèves et des étudiants dans les établissements scolaires le lundi 22 janvier, jour de la rentrée scolaire.

La reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle réclamée  

Trois cellules de crise permanentes ont par ailleurs été mises en place : l’une pour les agriculteurs, une autre pour l’économie au sens large et une dernière dédiée à la solidarité pour les personnes vulnérables. Le cyclone Belal n'a pas eu l'effet « cataclysmique envisagé, mais a tout de même provoqué de lourds dégâts et le secteur de l'agriculture a été le plus touché », a estimé le président de la chambre d'agriculture, Frédéric Vienne. Pour lui, les pertes sont quasi-totales en ce qui concerne les productions maraîchères et l'inquiétude est grandissante pour la filière laitière. Des communes particulièrement tournées vers l’agriculture et l’élevage connaissent des problèmes dans la distribution d’eau. À la Plaine des Palmistes, une commune perchée à 1 000 mètres d’altitude dans l’est de l’île, « les éleveurs de vaches laitières n’ont plus d’eau pour leurs animaux », explique Joan Doro, adjoint au maire. Frédéric Vienne et leprésident du conseil départemental Cyrille Melchior demandent la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle au plus vite pour permettre des aides dans les secteurs les plus touchés.   

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin doit arriver sur l’île ce mardi soir et devrait passer la journée de mercredi pour accompagner les victimes du cyclone et soutenir les personnels chargés des secours. Des pompiers de formation militaire de la sécurité civile, des gendarmes en provenance de Mayotte et de l’Hexagone et des agents d’EDF et d’Enedis sont arrivés sur l’île ce mardi alors que l’aéroport Roland-Garros a rouvert ses portes pour le public dans la soirée.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Je m'abonne

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :

Poursuivez votre lecture sur les mêmes thèmes :

  • France
  • Notre sélection